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De l’un à l’autre

Conférence à la Sorbonne 

prononcée le 14 Mai 2018

 

Je vais  vous parler de ma conception de la pratique artistique.

Tout d’abord j’ai eu toujours un grand intérêt pour la peinture classique  et je ne peux oublier que ma culture est européenne,

  J’ai donc tenté une aventure personnelle dans  laquelle Il était pour moi hors de question d’abandonner la modernité . J’ai donc opté pour la relation à l’espace donné qui me paraît être l’interrogation la plus moderne à la fin du 20ème et au 21 ième  siècle.

 Je me situe dans le domaine de la représentation plastique et artistique,l’espace mental étant le domaine de la poésie, de la psychanalyse …..

J’ai affronté dans un premier temps la sculpture et j’ai commencé l’aventure en employant la couleur . De fait j’ai abordé il y a plusieurs années le difficile chemin de la relation de la peinture au volume dans l’espace loin de la tradition du tableau pour moi réductrice .

Je dois dire que cela a été très difficile d’inscrire ce travail dans le champ artistique ambiant de l’époque.Ainsi je travaille la peinture hors du champ du tableau en relation avec l’espace environnant .

Je reviens sur cette terminologie:l’ espace environnant , je l’ai trouvé dans une lettre de Brancusi écrite quelques temps avant sa mort .Cette notion moderne inventée par lui puise sa source dans son travail d’élaboration dans son atelier, où il confrontait ses oeuvres les unes avec les autres dans un souci d’organisation. 

On est loin de l’idée !  L’art ne se faisant pas avec une idée . 

C’est dans la confrontation technique que l’on théorise ,c‘est dans le faire que l’ on crée et non dans l’idée .il nous faut affronter cette méprise ambiante qui est extrêmement violente car elle est ancrée d’une manière tenace chez un certain nombre de plasticiens,

de décideurs, de critiques .

 Pour moi les grands théoriciens de l’art sont les artistes eux-mêmes qui puisent leur source d’inspiration dans l’art lui-même je parle évidemment des artistes qui bouleversent les données académiques.

La peinture est généralement reconnue au tableau : support plat (toile ,mur etc…)

d’où une certaine platitude dirons nous.Néanmoins, pour moi le travail de la peinture hors du champ du tableau m’importe. J’insiste,j’ai orienté ma production vers le volume peint d’où la difficulté de mon inscription dans le cercle recommandable des peintres ou des sculpteurs. quant aux installations :cela fait  salle de bain et c’est académique. Je me suis débarrassé de ces contingences modales pour appliquer une rigueur dans mon travail,toute relative d’ailleurs. Par ailleurs le courant  objectal qui depuis un certain temps fait florès,me paraît réducteur. Le tout dans une ambiance académisante où la sophistication devient parfois le seul effet recherché .Pour toutes ces raisons,  la notion d’espace m’est apparue comme  une orientation possible ,en tous les cas c’est ma décision depuis longtemps.Le hasard a fait que j’y ai trouvé des adeptes et non des moindres aussi bien en Europe  qu’aux Etats-Unis et sans doute dans le monde.Espace de délivrance,espace mental,espace sidéral,espace onirique,espace clinique que je prends en charge dans mon travail. je veux dire l’espace réel.

Qu’est-ce? Déjà cette interrogation introduit un doute , il est évident que ce doute est porteur de création mais comment? Cela fait sourire cette tension, il y a du désir de peindre chez moi.

Je prends du mur l’espace qui m’est imparti ;la ressemblance n’est pas de mise.Je compose donc! la mise en scène n’est pas à voir dans un sens théâtral , mais dans le dévoilement. Laissons là les termes pour l’instant et revenons sur le propos plastique.Je me souviens d’avoir commencé de petites structures à New-york en 1979; à cette époque  mes interlocuteurs n’avaient pas prêté  attention à ma démarche, j’ai donc repris ce travail avec bonheur depuis quelques années.Ainsi je coupe des tasseaux de différentes dimensions à la scie à ruban, d’une manière aléatoire en angles imprévus; en quelque sorte une écriture automatique. Je les assemble  de la manière la plus simple :le tout venant. Ensuite je les peints en couches successives de rouge,d’ ocre ,de bleu le vernis étant introduit dés la première couche: le tout tirant vers le sombre dans un désordre riche et somptueux.

La fin étant proche ,ces structures sont à cet instant à l’abandon,posées , elles sont inertes et non d’autres fonctions que la fabrication;rien n’est dit.

   J’en prends distance et commence à composer au mur, au sol, en coin, à l’intérieur, à l’extérieur, enfin ,on joue, on se surprend ,à horizontale ,à la verticale : c’est dans cet accrochage que l’oeuvre se crée. c’était un  secret ! 

Ce qui en découle  c’est l ‘interrogation  de l’espace ou mieux encore l’interrogation de la peinture sur ou dans cet espace.Du fait  du volume  la densité picturale est allégée, elle est subverti à l’espace du mur ou de la salle d’exposition, en fait du lieu.

Je m’aperçois qu’il peut y avoir débordement d’un mur à un autre, d’une salle à une autre; une juxtaposition ,une transition,une transposition.

 On peut considérer l’envers de l’endroit à l’intérieur même du processus.Les structures en elles -mêmes n’ont pas de sens; c’est au moment de les accrocher ou de les poser qu’elles trouvent leur mode,j’allais dire de vie.

Je continue : la mise en oeuvre peut-se faire à l’intérieur,espace clos, à l’extérieur,espace ouvert; déontologie du regard.

Rhéthorique du volume peint.Je revendique le mot peinture au sens classique du terme ,hors du champ du tableau.

Quand ça c’est dit mon application est de créer une nouvelle voie , un nouveau vocabulaire.J’ai découvert, que dans le » n’importe » se trouve une partie de la solution,ainsi lorsque j’assemble d’une manière absolue je découvre un univers onirique qui déplace le champ de la compréhension et surtout le champ de l’explication.Je me suis aperçu que ces petites structures font rêver et que le lecteur ou le spectateur peut aller où bon lui semble dans son interprétation:c’est bien là le but.La mise en peinture sur le bois introduit des zones de sensualité.Je reviens sur la manière de peindre:le rouge posé,rouge écarlate mélangé au vernis: première couche! mais cela aurait pu être une couche de bleu ou d’ocre jaune sur le bois fraichement poli,en plusieurs couches successives même en écrivant le texte  je mêle, j’emmêle.alors il reste que c’est au moment de l’accrochage que la décision dépend du maître d’oeuvre.Une quantité raisonnable de petites structures à portée de mains; on dispose sur le mur ou sur le sol en ligne ,en cercle, en triangle ,en tas, à volonté.

Lorsque l’on change de matériau on modifie le mode d’inscription, ainsi la charge émotionnelle du marbre n’est pas la même que celle du bois coloré.Et dans la même rubrique le marbre blanc n’a pas le même impact que le marbre noir, au niveau de la lumière. Le poids aussi intervient dans la présentation.Ceci pour donner à voir les dérives de la matière subordonnée à la vision artistique et au combat que l’on doit mener contre l’effet et sa conséquence : l’illusion, hélas!

J’essaye de me maintenir à ce niveau d’abstinence si proche de la jouissance.Que je me fasse bien comprendre je ne me laisse pas aller quand je dis que c’est dans le n’importe quoi que je crée ,dans mon esprit ,s’il y a esprit…

C’est que l’art ne se fait pas avec une idée,mais en se faisant se fait.

 A la galerie “Immanence“,ce qui apparaît à la réalité c’est le blanc immaculé ,bon on ne va pas remonter jusqu’à la conception. Je vais  revenir sur la transposition relevée un peu plus haut .

La transposition est un atout dans mon travail car elle permet de subvertir sans arrêt l’espace environnant :concept d’une modernité incroyable car tout découlera de cela dans l’application raisonnée de ce que l’on peut appeler l’art plastique en regard des oeuvres de l’imagerie , des objets et des fétichismes ambiants reconnaissables par leur modes d’approches voisins de la publicité et des techniques de communications dérisoires et vite démodées. 

Avant d’aborder la rubrique de la multiplicité je rappelle le texte  que j’ai écrit,correspondant à la “Poutre colorée “de 1973 exposée en 1974 chez Eric Fabre, fameuse galerie à l’époque!

J’ai décidé de poser la couleur rouge en stries séquentielles qui se déperdaient dans le bois naturel ,comme une pulsion,en fait ce qui m’intéressait à l’époque c’était le rapport à l’espace que j’avais intégré en regardant les constructivistes Russes et les minimalistes Américains.Je n’ai pour l’instant trouvé dans mes lectures, de théoriciens ou d’historiens de l’art qui évoquent cette découverte,on se perd toujours dans le sujet alors que c’est la plastique qui devrait être le  propos.Cette orientation méthodologique aura été le but de ma recherche jusqu’à l’heure actuelle.Ainsi je m’aperçois que les prémonitions intuitives que j’avais à l’époque se révèlent et murissent avec mes nouvelles présentations ,la dernière en date sera  l’exposition à « Immanence » à Paris en 2014.

Pour rafraichir la mémoire, c’était une poutre de 4m sectionnée en deux morceaux,l’un de 3m, l’autre de 1m.

Elle était posée au sol,elle prenait l’espace du sol comme une étendue.En tant que volume elle subvertissait la notion de verticalité ,(chère à nos sculpteurs traditionnalistes),de socle….

Mais elle introduisait la couleur ,ce qui la ramenait dans le champ de la peinture d’où la difficulté pour la critique de l’époque de la nommer et par le fait même de m’intégrer dans une quelconque catégorie,inutile de dire en passant que le chemin fut long pour la reconnaissance de ce travail qui se situe justement entre la peinture et la sculpture.

D’où la nécessité de rechercher un nouveau vocabulaire loin du tableau peint ,de la sculpture,de l’installation(toujours « salle de bain“),de la performance:catégories académiquess et déprimantes.Nous pourrions parler de volume peint dans l’espace en toute douceur et légèreté et cela dans une continuité que l’on perçoit rétrospectivement.

La MULTIPLICITE

La progression du champ plastique présenté en ce lieu,n’a qu’un rapport direct/ou indirect avec la progression de type binaire or c’est plutôt l’aspect poétique et en fait ironique qui m’anime ce soir

Le nombre de pièces placées  d’une manière aléatoire crée un imaginaire ,en l’occurence ici ,basé sur les chiffres et il est évident que je fais allusion à la dimension poétique des mathématiciens Grecs (Pythagore en particulier).Cette représentation est un « champ de présences » ,pour reprendre Husserl  .Ces structures évoquent le morcellement et ce morcellement contribue à la mise en abîme de l’espace.Ce n’est pas la mise en forme, mais la disposition des pièces qui va créer l’espace plastique,ce que l’on doit voir(le donné à voir)

 Dans les années  récentes, je persiste à dire: c’est le  faire et non l’idée qui  surgit dans la présentation de mon travail .Dans les espaces qui me sont impartis:atelier, galerie, espace privé ,musée ,je présente mes pièces par trois et ceci invite au développement de type sériel.

L’IMAGE. 

dans un souci de clarté ,je dois  me positionner par rapport à l’image .Je pense que la représentation abolit le fantasme et réduit l’imaginaire ;tout porte à croire que beaucoup d’artistes ont oeuvré pour mettre le fantasme en boite.L’image ne peut représenter le fond de l’’âme,ni même l’émotion à la limite l’expression : mais là encore on est dans le sujet , et chacun  sait qu’il n’y a pas de sujet en peinture ,l’art n’étant pas une représentation de la nature.

Il y a comme une corrélation dans la recherche de l’effet .l’effet en art crée l’illusion et l’illusion est  un mensonge. Voilà des écueils que l’on devrait éviter.

Le DESSIN.

         

           

Je peux évoquer maintenant le rôle du dessin dans ma production artistique.

Le dessin est pour moi une activité mentale par rapport à l’activité plus physique de la sculpture.

Avant tout je reprends la pensée de Tony Smith à propos de ses projets de volumes dans l’espace ; il ne concevait pas le dessin comme un but démonstratif ;il m’a dit «I don’t draw ,I do model » je ne dessine pas mes volumes en projets mais je fais des maquettes …..

Dans mon travail,Le dessin est une transposition, il est soustrait à une technique,il doit créer sa propre unité.Le repérage illusionniste du volume dans sa visualisation euclidienne,instaure un doute quant aux prétentions matérialistes d’une pratique artistique.Il ne peut y avoir que confusion dans l’esprit quand on se réfère, d’une manière suspecte ,aux techniques idéalistes traditionnelles de représentation du monde.

Mon travail en deux dimensions sur une feuille de papier est une recherche spécifique.

Ainsi considérons le travail de la sculpture qui a été  généralement conçue  pour être dans un lieu (ronde bosse) ou dans un mur(bas relief)

Mes poutres posées au sol révélaient l’espace et se révélaient (grâce ou à cause de la couleur entre autre).Ce n’était pas un travail sur le ton local mais sur le local lui-même.Il m’aurait été suspect de faire une transposition illusionniste en me servant de la perspective.

Je me suis aperçu à l’époque dans les années 70 que ma recherche était subordonnée au lieu sur lequel  j’exerçais: la feuille,ce lieu devait répondre avec ses données propres (les outils :crayon, pastels, aquarelle grammage du papier etc….)au champ d’investigation  proposé.

Et ce que l’on propose est soumis à ce  dont on dispose.La feuille de papier avec sa texture est un lieu (espace) la manière dont on l’occupe est liée à une pratique spécifique.Le frottage localise et souligne.La localisation permet l’analyse.la situation du corps par rapport à la production intervient comme soutien idéologique, fusion du geste du corps et sa retenue  dans la matière.Identité entre le travail de la couleur sur le volume et la feuille de dessin.

Analyse de la trace.

Maitrise de la jouissance .

la prise de l’espace de la feuille intervient sans le recours à la composition.

La composition est dans le travail effectué ,elle n’est pas définie par référence:il y a un déploiement du geste sur la feuille.

La lecture se fait de gauche à droite,et de bas en haut.Il y a pour moi une interaction entre le réel et le virtuel au moment de l’exécution.C’est en faisant apparaître ces contradictions que l’élaboration du travail en deux dimensions pose l’interrogation du volume .

La VIDEO.

je me suis aussi intéressé à cette nouvelle technique qu’est la video, plus en accord avec mon époque.

Il faut savoir que la manipulation des volumes requièrt  une certaine énergie et une force physique non négligeable.Je me suis demandé comment assouvir mon besoin de créer d’une manière légère et plus en adéquation avec mon temps.J’ai trouvé que la manipulation des images en continue avec la  camera faisant office de tapis roulant correspondait à cette recherche.J’ai commencé à faire de petits films vidéo en appliquant le même mode de création qu’avec mes volumes .Je pars d’une vue à travers l’objectif sans scénario écrit ,je fais tourner la caméra en analysant au fur et à  mesure des prises de vues parfois ,cela s’arrête non pas par manque d’inspiration mais parce que s’ouvre d’autres champs d’investigations .En fait après plusieurs années de création artistique je n’ai pratiquement jamais presenté de projet. j’ai toujours voulu garder ma liberté  ,donc je propose toujours quelque chose de fini .Je dois dire que je travaille le montage en me faisant aider de professionnels qui sont attentionnés c’est à dire à mon écoute.Cela se fait d’une manière légére.J’ai produit une quinzaine de films Vidéos.

le FETICHISME

la production d’objets a comme corollaire sur la scène artistique une fétichisation du produit .

Je pense que l’aspect dérisoire des objets de consommation courante:imagerie,gadgets ,a comme conséquence d’accentuer le fétichisme.Il ne peut y avoir qu’une confusion dans l’esprit quand on se réfère d’une manière suspecte aux techniques idéalistes traditionnelles de représentation du monde.

C’est l’effet pervers d’une conceptualisation primaire et son échec .Revenons sans cesse sur cette assertion: l’art encore une fois ne se fait pas avec une idée! La provocation fait partie maintenant d’une posture artistique qui me paraît finalement académique:hélas.

Réfléchir c’est stratégique ,c’est en vue d’une explication subordonnée parfois à une démonstration .Par contre penser permet une évasion hors du champ de la réalité ; je reconnais à cette figure un corps absent .L’aspect éthéré de la pensée me séduit et dérive  loin des sentiers battus.Ce qui m’intéresse moi c’est la dérive c’est l’embarquement pour Cythère et ce n’est pas simplement dans le titre c’est l’imaginaire qui prend le pas sur la réalité?et nous arrivons à cette importante conclusion :qui est la contemplation le rêve hors norme ,la dérive et pour reprendre un terme emprunté à Heidegger le dévoilement.Si l’on nomme ,on est pratiquement obligé de répondre ; cette réponse peut devenir péremptoire, affirmative, je me laisse aller à dire qu’elle peut être autoritaire .je m’en méfie car je dois me sortir de la nasse.La contemplation c’est au contraire le doute et parfois l’extase. c’est à ce stade qu’intervient  l’ironie.

En fait l’ironie est très proche du discours et pour moi mieux encore de la conversation.

L’IRONIE

j’ai toujours été dubitatif dans ma manière de voir le monde , je l’ai été aussi dans mon comportement vis à vis du milieu   artistique ce n’est pas étranger à mon origine cauchoise  basée sur la méfiance ,cela m’amuse d’y penser  

ainsi je  dis  dans mon Film “ HARO ARTISTES“de 2007 (l’art aux artistes….)

-Pas de questions 

-Pas de réponses

– Pas d’explications.

J’ai été surpris que ces assertions suscitent  parfois une polémique et une certaine violence dûes à l’incompréhension, j’étais moi même perplexe quant à mes affirmations.

Ainsi on trouve une succession d’interrogations chez Platon avec  Socrate que ce soit dans le Gorgias ,le Ménon… 

Et je découvre , à ce propos dans le livre “l’Ironie “ de Jankélevitch cette citation qui m’a rempli de bonheur: “l ‘ironie socratique est un ironie interrogeante“.

J’assume donc que la question est pour moi agressive et empêche parfois la réponse alors qu’une interrogation  permet la conversation, l’échange, car elle implique le locuteur.

C’est dans le dialogue justement ironique que l’on trouve une certaine vérité ;bon je ne vais pas être trop débonnaire soit! une plus grande sincérité disons un échange plus vrai c’est sûr ,j’insiste .

Le fait de ne pas répondre à la question permet d’instaurer une distance .

J’ai aussi remarque que  parler avant de réfléchir pouvait être une convenance idéale. Chercher le bon mot plutôt que la réponse permet de penser au moment du dire.

Il n’y a rien de sophiste dans mon interrogation artistique ,c’est dans cette hésitation ,dans ce doute que je peux créer.

Je me souviens au temps de mes études d’avoir lu que Matisse lors d’un entretien avec une journaliste danoise ,je crois,  à Issy les  Moulineaux  a parlé des fleurs de son jardin et ce discours périphérique était un discours sur la peinture en fait .Voila encore une fois une marque onirique.Sans parler de l’oeuvre poétique de Picasso ou de Carl Andre pour ne citer qu’eux.

L’ironie est une certaine façon de s’exprimer nous dit Jankélévitch;remercions le.

Ma citation intrinsèque.

Le modele de la beauté n’ a d’intérêt que dans la continuité du projet initial, encore faut il se remémorer l’instantané de la fulgurance première.

tout est dans la redite  de la puissance créatrice ,on n’aborde pas le sujet de la création sans un risque de déperdition.

Ainsi dans le verbiage insensé d’Antonin Artaud on puise une source créatrice tellement neuve que l’on est abasourdi jusqu’à l’ ignorance.

On se défend, on appréhende le devenir de la forme on se recommande à Dieu,bref le temps est venu d’aller dans son sens,je dis bien dans le sens ;voilà ce qui perfectionne l’ire des biens pensants .Oui Antonin Artaud est un génie du sens ,c’est bien pour ça que je le fréquente depuis l’âge de 13 ans.

Qu’elle est le sens de sa pensée ?sinon la lente détérioration du charnu . L’âme reste vivante malgré la souffrance du corps .L’exemplarité de sa position outrancière force le respect j’allais malheureusement dire l’admiration: erreur quand on est dans le projet.

j’aimerai autant écrire sur Joyce et Sade,me gardant bien de les comparer.

leur souffrance n’ a  rien d ‘égal.

Les yeux pour James Joyce , l’emprisonnement pour Sade ;Antonin Artaud était un voyant emprisonné par son extrême lucidité.Je suis bien conscient que j’aborde des terrains difficiles je n’aurai jamais cru que j’y arriverai.

C’est la tranquillité de mon esprit qui me permet de l’exprimer, hélas sans aucun doute.c’est donc merveilleux.

Côme MOSTA-HEIRT 2018